L'affiche
qui annonce l'exposition du peintre dauphinois montre habilement deux
aspects du talent de l'auteur de 6000 dessins dont on en retrouve 150
à la Bibliothèque d'étude et d'information de Grenoble et 70 huiles et aquarelles au Musée de l'AncienÉvêché. Nous
pouvons désormais en savoir plus sur l'artiste, quand nous
empruntons la rue qui porte son nom en direction de la place de
Gordes.
Diodore est né à Grenoble en 1819 dans une famille de confiseurs, il apprend à peindre chez Horace Mollard, avec son ami Henri Blanc-Fontaine. La ville lui paye la poursuite de ses études à Paris chez Léon Cogniet qui a formé Delacroix et Géricault. Il fait ensuite son « grand tour » en Italie. Sa production soignée, méticuleuse, fine, est variée. Ses caricatures ne sont même pas outrées. Ses œuvres d'une facture classique où transparaît le romantisme prennent bien la lumière.
L'intitulé
de l'exposition « Paroles de palette » vient de son
enthousiasme pour la beauté de la région qu'il a su bien rendre :« quelle
est belle, parole de palette ! » Au café
Cartier, disparu aujourd'hui, il livra des panneaux illustrant les
quatre saisons qui allaient alors bien au-delà de considérations
météorologiques mais invoquaient les mythes et les déesses et
multipliaient les point de vues à partir dun Dauphiné des lacs,
des montagnes, des collines. Il vivra
de sa peinture en réalisant par exemple le décor de la bibliothèque
du Musée de la place Verdun. Il meurt en 1874.
Pour la
première fois jusqu'au 1er avril 2014, deux lieux d'exposition lui
sont consacrés alors qu'il était surtout connu jusque là pour ses
illustrations de « Grenoblo Malhérou ». Cet
ouvrage de Blanc dit Lagoutte retrace en patois les inondations à
Grenoble en 1733 quand la ville se retrouva sous 5 m de boue.
Dardelet grava ses dessins. « Grenoblo
t'es perdu, le monstro t'engloutit! Mal avisa fut ceu qui si bas te
plantit... » A cette
occasion notre guide nous a rappelé lorigine de la foire de
Beaucroissant en 1220, un an après que le lac naturel St Laurent, à
côté de Bourg d'Oisans se vida et noya de nombreuses personnes d'où
s'en suivit un pèlerinage à Parménie avec son lot de marchands.
Rahoult,
humaniste franc maçon, excelle dans les scènes de genre : le
procès de Casimir Perrier est très vivant, sa partie de boules
acharnée, le regard de celui qui regarde les lavandières est
coquin, les commères sont pittoresques, les villageoises en bleu de
Gènes charmantes, le repas de chasse dune grande vérité... Il
donne de la dignité à un certain Bobila imprécateur pittoresque
comme la ville en a toujours compté aux terrasses de café qui
prétendait que la terre était immobile. Les
petites filles de l'affiche sont des pauvresses qui ont trouvé porte
close, il les met en scène, comme il peindra un campement de
bohémiens à l'Esplanade.
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