Redécouverte
d’une génération.
La
fin des années cinquante voit émerger un groupe de jeunes metteurs
en scène, nés pour la plupart entre 1925 et 1935, que rassemble
l’envie de faire du cinéma autrement que leurs aînés. Ils
cherchent de nouveaux modes de production en s’autoproduisant très
souvent et en réduisant, pour ce faire, les coûts. L’apparition
d’un matériel de prise de vue et d’enregistrement du son plus
léger leur permet de sortir des studios et de libérer leur rapport
à l’espace et au mouvement. Dans le même temps, le CNC adapte ses
aides pour permettre l’émergence de nouveaux créateurs :
avec l’avance sur recettes, c’est un cinéma indépendant des
normes du marché qui se trouve encouragé et rend possible la
réalisation d’un nombre important de « premiers films ».
C’est une période aussi où la presse de cinéma, très abondante
depuis le début des années vingt, à la fois en direction des
professionnels et du public, prend une place nouvelle : Cinéma,
Positif, Les Cahiers du Cinéma soutiennent intellectuellement, de
façon militante même, les créateurs. Une nouvelle cinéphilie se
construit, très engagée, s’édifiant en un nouvel art de vivre.
L’époque est également marquée par une nouvelle génération
d’acteurs qui s’impose sur les écrans, accompagnant pour
certains de film en film les réalisateurs qui les ont fait naître
au cinéma : Jean-Paul Belmondo, Marie Laforêt, Emmanuelle Riva,
Maurice Ronet, Alain Delon, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Jean
Seberg, Jean-Pierre Cassel, et d’autres, deviennent les visages
emblématiques de ce renouveau du cinéma français auxquels
s’attache le public et que suivent avec enthousiasme les émissions
de radio et de télévision. Cette liberté de faire et de penser
n’en conduit pas moins certains de ces réalisateurs à aborder les
drames et les tensions du monde contemporain : de la guerre d’Algérie
(La Belle vie, Robert Enrico, projeté le 3 octobre) au mal être
d’une jeunesse (Kriss Romani, Jean Schmitd, projeté le 23
octobre), le portrait dressé de l’époque est saisissant. Il
permet de revoir quelques lieux communs généralement attachés à
l’époque, c’est cela aussi la force du cinéma : enregistrer
comme à son insu la vérité d’un temps. Le travail de recherche
des équipes de la direction du patrimoine du CNC permet de découvrir
ou redécouvrir ce pan de l’histoire du cinéma français
injustement oublié.
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