Frank Capra est
de ces cinéastes qui ont fait corps avec l'Amérique, sa culture et ses valeurs.
Si son œuvre est dominée par les grandes « comédies démocratiques »
des années Roosevelt, son abondance réserve bien des surprises :
burlesques et drames muets, météores d'avant le code Hays, documentaires
propagandistes ou scientifiques. Et le sourire du conte cache doutes et
contradictions.
Il faut sans
cesse redécouvrir Capra, trop souvent réduit à une image simpliste complaisamment
entretenue par lui-même : celle d'un immigrant self-made man
incarnant le rêve américain, chantre et ambassadeur de son pays d'adoption,
auteur classique de comédies sentimentales et optimistes jusque dans la gravité
de leur propos politique. Rien là n'est vraiment faux ; tout est à
nuancer.
Cinéaste
comique ? Certes, il a débuté comme gagman pour Hal Roach et Mack
Sennett. Mais quand son homologue McCarey dirige Laurel et Hardy, Capra devient
scénariste et réalisateur auprès de Harry Langdon, le moins frénétique et
peut-être le plus névrotique des burlesques, pour des films hantés par la
mélancolie (Papa d'un jour) voire des pulsions de mort (Sa dernière
culotte). Par la suite, il va réaliser de purs mélos (Amour défendu,
mais aussi, malgré sa truculence, Grande dame d'un jour) et surtout
brouiller la mince frontière qui sépare la comédie du mélodrame : c'est
une question de traitement, de point de vue sur les événements, mais aussi de
basculement possible, soit vers le tragique, soit vers un happy end souvent
volontariste.
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