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mercredi 10 février 2016

Biennale Cinéduc / Jour 6 / Le Géant égoïste / Un temps pour l'ivresse des chevaux

Mercredi 10 février à 17h
Le Belvédère, Saint-Martin d’Uriage
Le Géant égoïste de Clio Barnard (Grande Bretagne, 2013, 91')
Arbor, 13 ans, et son meilleur ami Swifty habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de l’Angleterre. Renvoyés de l’école, les deux adolescents rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin. Ils commencent à travailler pour lui. Arbor, en guerre contre la terre entière, se dispute les faveurs de Kitten, en lui rapportant toujours plus de métaux, au risque de se mettre en danger. L’amitié des deux garçons saura-t-elle résister au Géant égoïste ?

"Le Géant égoïste, c'est d'abord une musique. Apre et rocailleuse, au diapason de cet accent du Nord qui fait sonner l'anglais comme une langue inconnue. Quelques répliques suffisent à se sentir embarqué dans ce coin d'enfer. Maisons ouvrières aux jardins pouilleux, briques noires, aubes grises... A cette topographie de l'Angleterre en crise, Clio Barnard ajoute un versant plus inattendu : une verdure post-industrielle, des champs et des moutons au pied de pylônes gigantesques. Sans cesser de traquer la rudesse du réel, elle s'aventure à la lisière du fantastique, là où surgissent des images presque surréalistes. Ainsi cette centrale dans la brume ou la scène, hallucinante, d'une course de trotteurs sur route : suivis d'une horde de voitures déglinguées aux passagers vociférants, deux attelages fendent l'air glacé en martelant le macadam.
Nerveuse, abrupte, la caméra à l'épaule capte la brusquerie des corps en mouvement. Leur vitalité aussi. Car la gageure du film est d'éviter le misérabilisme auquel invite son décor. Progressivement, une vision morale vient transcender le réalisme : un sursaut de la conscience, la quête d'un pardon comme on en voit dans le cinéma des Dardenne. Et les comédiens, deux ados grandis sur place, emportent tout sur leur passage. "
Mathilde Blottière, Télérama



Mercredi 10 février à 20h
Cinéma Juliet Berto
Un temps pour l’ivresse des chevaux de Bahman Gohbaddi (Iran, 2000, 80')
avec le Ciné-club de Grenoble
suivi d’un débat en présence de Reza Afchar Naderi, poète et photojournaliste iranien
Au Kurdistan iranien, tout près de la frontière avec l’Irak, les enfants d’une même famille vivent seuls en subvenant à leurs besoins. Le benjamin souffre d’une maladie grave. Sa sœur accepte de se marier avec un iranien prêt à les aider financièrement. A la frontière la famille du futur époux refuse que le malade les suive. L’aîné rentre en Iran avec son frère mais le temps presse pour l’opération.

"La force documentaire des premières séquences saute aux yeux, mais Bahman Ghobadi s'en sert plutôt comme d'un sauf-conduit, et on ferait fausse route en suivant cette seule piste. Chaque étape du scénario, assez habilement d'ailleurs, est une nouvelle épreuve pour Ayoub, et un degré franchi sur l'échelle de la responsabilité. Sa mission (impossible ?), son saint Graal, c'est la survie de son frère estropié, Madi. Mais en chemin, la désillusion se pointe aussi. L'oncle des orphelins négocie avec une famille irakienne le mariage de Rojine contre le paiement d'une opération pour Madi. Très belle scène de dispute entre Ayoub et sa soeur aînée, noyés dans la neige parmi quelques arbres. Ces instants-là, comme peu après le refus tout aussi déchirant du clan du fiancé d'acquitter sa promesse, Ghobadi choisit de les filmer à distance. C'est aussi la pudeur qui le sauve aux moments les plus délicats. Elle nous épargne des plans trop insistants sur le frère difforme, trimballé dans une sacoche ou posé sur le sol neigeux. On apprécie que le jeune cinéaste ait limité ses ambitions esthétiques à quelques plans saisissants (comme ces pneus qui, détachés de la selle des mulets, dévalent une pente neigeuse). On doit surtout le remercier d'avoir jusqu'au bout mené son affaire comme une escalade ­ humaine et physique ­ sans rien trahir de laborieux ni surtout sans basculer dans un sentimentalisme facile. A tel point que la fin, parfaitement abrupte et lumineuse, prend de court."
François Gorin, Télérama


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